Archive: Avr 2020

Les coups de coeur de La Cabane à Lire

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Des coups de cœur voyageurs
Entre saga familiale et fable écologiste

 

 

Joumana Haddad
Le livre des reines
éditions Jacqueline Chambon – 22€

Quatre générations, quatre destins de femmes qui nous emportent dans l’Histoire tragique et brutale du Moyen-Orient des XXème et  XXIème siècles.

Ces femmes vont lutter, chacune à leur façon, contre le vent de l’histoire qu’elles subissent, même si leur révolte n’est ni comprise ni entendue.

Cette saga familliale nous transporte en Turquie, au Liban, en Syrie et nous fait vivre de l’intérieur toutes les luttes douloureuses qui ont secouées ces territoires.

Mais ces conflits  sont aussi des guerres intimes, où l’amour a du mal à trouver sa place, où la violence prend des formes sournoises, où le poids des non-dits et des secrets pèse sur leurs vies. C’est comme si le malheur devait se transmettre de génération en génération…

Joumana Haddad s’est inspirée de l’histoire de sa propre famille pour tracer celles de ses héroïnes.

Ma grand-mère est née en 1912,, ma mère en 1946, je suis née en 1970 et mon premier enfant en 1992. Je suis à demi  libanaise, un quart arménienne et un quart circassienne, mais j’ai aussi des racines syriennes et palestiniennes. C’est quand j’ai découvert toutes les sources de ce sang qui coule dans mes veines que j’ai enfin compris pourquoi j’étais constamment en guerre contre moi-même, en moi-même. Les aïeux de l’homme que j’aime sont des Turcs d’Adana, là où les massacres ont commencé : est-ce une coïncidence ? J’espère que ça l’est, presque aussi ardemment que j’aimerais penser que ça ne l’est pas.

J’ai parfois la vision de toutes ces personnes d’origines et d’âges différents, vénérant des dieux différents, utilisant des langues et des accents multiples, toutes ensemble enfermées dans un interminable tunnel de conflits à répétition. Un melting-pot maudit nommé Moyen-Orient, marqué jusqu’à ce jour encore par une succession inqualifiable de combats, d’adversité et de haine, de l’Arménie au Liban, de la Palestine à la Syrie, sans parler de l’Irak, du Koweït, de l’Egypte, du Yémen, de la Turquie…la liste semble sans fin.

Je me suis souvent demandé, à force de grandir entourée par tant de violence et de douleur, si cette région de désespoir était prédestinée à être pour toujours une terre de souffrance. Entre les actuels mercenaires égorgeurs de Daech et les soldats ottomans qui répandaient la terreur il y a un siècle, qu’est-ce qui a vraiment changé ? *

Ce très beau roman intense emporte le lecteur dans l’Histoire tragique du Moyen-Orient où le destins des femmes est une bataille perpétuelle.

A lire absolument !

 

Marie Pavlenko
Et le désert disparaîtra
éditions Flammarion – 14€

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A partir de 12 ans

Le rêve de Samaa est de devenir chasseuse d’arbres, comme les hommes de son clan. Les arbres, ils vont les chercher dans le désert, de plus en plus loin et c’est de plus en plus dur car il n’en reste plus beaucoup. Le désert a tout recouvert depuis longtemps ; Les arbres sont abattus pour être vendus et permettre au village de survivre.

Les chasseurs ne veulent pas de Samaa. Chasser est une affaire d’homme ! Pourtant, elle désobéit et les suit en cachette. Mais elle se perd et tombe dans une trouée et découvre un arbre. Elle n’en avait jamais vu… Blessée, elle survit grâce à cet arbre-mère Naïa, à l’eau douce qui étanche sa soif et aux mille découvertes qu’elle va faire en observant de près cette nature inconnue jusqu’alors. Et elle se rappelle les discours de l’Ancienne.

C’est un choc, une révélation ! Sa vie bascule et bientôt aussi celle de son village.

L’Ancienne utilisait une ribambelle de mots qui sonnaient comme des pays. J’essayais d’imaginer à quoi pouvait ressembler ce monde. Il y avait des mers et de l’eau qui danse appelée rivière. L’Ancienne disait que les hommes s’y lavaient, y attrapaient des animaux à la peau miroitante, que l’eau tombait du ciel en pluie et faisait éclore la vie.

Appuyée sur le torse de ma mère, le corps réchauffé par le grand feu du campement, je fermais les yeux ; je plongeais à mon tour dans les vastes étendues évoquées par l’Ancienne. Je me figurais la douceur des cascades qui « scandaient leur mélopée dans de grands éclats de rire », la force fougueuse et mortelle de l’eau faite torrent. Dans mon esprit, le bouillonnement rocailleux des vallées avait des allures étincelantes de rêves de petite fille, de toutes les couleurs.**

Marie Pavlenko nous offre un superbe roman, court et juste, véritable ode à la nature et à la vie. Elle nous invite à réfléchir et à questionner notre propre regard sur la nature et notre environnement. Ce conte moderne est une leçon d’écologie !

**Note au lecteur page 262 in Le livre des reines
**P.109 in Et le désert disparaîtra

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Poésie avec Yvon Le Men & Bruno Doucey

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Le Printemps des poètes 2020
ne se doutait pas qu’il serait confiné
& que nous aurions tous et toutes
besoin de courage et de poésie

BONNE NOUVELLE
La poésie est à nos côtés 

grâce à Yvon Le Men notamment
qui publie chaque semaine deux poèmes dans Ouest-France
Deux poèmes choisis parce qu’ils font écho à cette période inédite

YVON LE MEN

Retrouvez YVON LE MEN

goncourt
sur France Culture
au 17ème jour de confinement
https://www.franceculture.fr/emissions/confinement-votre/yvon-le-men-ou-nous-faudra-t-il-aller

& Rendez-vous avec Bruno Doucey

Bruno_Doucey©Murielle Szac-Ed.B.Doucey

& les éditions Bruno Doucey
qui nous offrent chaque jour un  menu poétique
à partager

https://www.editions-brunodoucey.com/category/menu-poesie/

menu poésie

Comme Bruno Doucey édite Yvon Le Men

A notre tour,  la Fédération des cafés-librairies de Bretagne
de vous présenter ce poème d’Yvon Le Men
paru dans Ouest-France

&

publié dans le recueil
Les mains de ma mère
illustré par Simone Massi
éditions Bruno Doucey, 2019

La main verte
Yvon Le Men
Prix Goncourt de la poésie 2019

Ma bibliothèque
n’est pas rangée

par pays
par genres
par noms
prénoms

elle est rangée
par le hasard
de ma main

verte
parfois

qui trouve le bon livre
au bon moment

un peu de neige
quand il en manque
devant mes yeux

et qui traverse
la longue nuit d’un roman russe
beaucoup de silence
quand il en faut

après tant de mots
gaspillés ici
et là

et que mes oreilles refusent

elles préfèrent
se tendre aux bruits des pas
de la mésange

au bord d’une flaque d’eau

quand elle éclaire un poème chinois
ou japonais
ou breton

égaré
mais pas perdu

sur les étagères de ma bibliothèque
mal rangée.

p.40 & 41 in Les mains de ma mère, éditions Bruno Doucey, 2019.

 

Nous avons hâte de vous retrouver
& de partager ces moments poétiques
dans le cadre de nos manifestations à venir

PORTEZ-VOUS BIEN