Une rencontre et une lecture performance avec
Claude FAVRE
Jeudi 11 avril à 19h
Livres in room – Saint-Pol-de-Léon
Claude Favre est poète, performeuse. Elle a collaboré aux Cahiers critiques de poésie du Centre international de poésie de Marseille (CipM), elle est publiée par des maisons d’édition indépendantes et dans des revues telles que Attaques (éd. Presses du réel, collection Al Dante). Ses deux derniers textes Thermos fêlé et Alep, quinze heures du matin sont au cœur de ces rencontres. Sa langue, dite de guingois, se joue de la syntaxe et s’invente parfois par accidents.
Alep, quinze heures du matin
C’est un chant d’amour pour Alep, pour celles et ceux dont les enfants ne connaissent que la guerre. Claude Favre ouvre grands les yeux, les oreilles, la bouche pour ne pas se [nous] laisser happer par le cours de la vie. Des mots, des images, il y en a beaucoup. Ils se répètent, on s’en méfie, ils paraissent insuffisants ou débordent. Des voix fantômes se font entendre : « ne me laisse pas tomber » comme pour empêcher l’horreur de recommencer. La langue tient, tente de nommer, de dire que « cela pourrait s’appeler la vie » (p.11), comme une prophétie : il y a, il y aura.
Thermos fêlé
Un journal-poème écrit au cœur de l’hiver dédié aux victimes des politiques sociales. C’est aussi une adresse à celles et ceux qui observent, témoins démunis ou indifférents, cette réalité vacillante (attentat, guerre, racisme…). Claude Favre appelle à se ressaisir des mots sans « périphrases hypocrites » (p.36) et convoque d’autres poètes. Le texte se vide de tout superflu, disparition de la ponctuation et de certains mots, collages, sans que cela en affecte le sens. Il va à l’essentiel, il va à l’urgence.
« dis, moi, mais dis-moi écarte les peurs, que le chemin soit de traverses, à vivre pas de droit chemin à nulle surprise, dis-moi mais dis-moi, parle-moi, traverse ma bouche traversée de
bouches »
(p.73, Alep, quinze heures du matin, éd. Les Presses du réel)
« il faudrait faire joie des mots, troubler mieux le langage pour décoller l’œil du guidon, agrandir l’horizon pour, contre chacun sur son quant-à-soi (…) »
(p.31. Thermos fêlé, éd. L’Herbe qui tremble)
Crédit photographique : Jean-Marc de Samie