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Le collectif d’éditeurs suisse de cartes postales humoristiques
Plonk et Replonk
crée une affiche de soutien aux libraires
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Haïkus & changement climatique,
le regard des poètes japonais
Alain Kervern
Géorama – 2019 – 12€
Le coup de cœur de Didier Labouche – Le Chenal – Porspoder
La dialectique culture-nature que vivent, en particulier, les poètes de haïku prend un tour aigu face aux évolutions de ce qui semble devenir une dégradation généralisée de l’environnement naturel de l’humanité. Le réchauffement climatique et les dérèglements qu’il entraîne ont un impact de plus en plus préoccupant sur la diversité biologique. La poésie du quotidien dont se nourrissent les haïkus bascule peu à peu dans une autre réalité, plus mouvante, plus incertaine et les poètes de haïku, inlassables scrutateurs des métamorphoses saisonnières, assurent de plus en plus nombreux une véritable veille écologique face à des évolutions climatiques jusqu’ici inconnues. Grand spécialiste du haïku et de la culture japonaise, Alain Kervern signe un essai visionnaire et passionnant sur le regard des poètes face à cette réalité climatique.
Au fond de la nuit
s’éteignent l’une après l’autre
les lucioles pour toujours
Hosomi Ayako (1909 – 1997)
Les miracles du bazar Namiya
Keigo Higoshino
Actes Sud – 24€ – 2020
Le coup de cœur de Soazig Le Sann – Le Bel Aujourd’hui – Tréguier
Monsieur Namiya, propriétaire du bazar, avait l’habitude de répondre le plus honnêtement possible aux demandes de conseils qui lui étaient adressées, et ses réponses étaient parfois très utiles aux habitants de cette petite ville de province, proche de Tokyo. Comment se fait-il qu’après la mort de Monsieur Namiya et la fermeture de son bazar, les demandes de conseils continuent d’arriver, ainsi que les réponses ?
Ce lieu mystérieux, sorte de pont entre passé et présent, permet à l’auteur d’explorer l’évolution de la société japonaise depuis les années 60. L’intrigue est parfaitement maîtrisée et les paradoxes, écueils inhérents aux récits de voyage dans le temps, sont évités. C’est pour moi un livre très très réussi !
A bientôt
Merci à vous de soutenir la librairie indépendante
EN UN CLIC
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Merci à Mathilde Serrell
pour sa théorie consacrée à la librairie indépendante
https://www.franceculture.fr/emissions/la-theorie/reouvrir-les-librairies-une-urgence-non-seulement-economique-mais-symbolique
& MERCI à PAGE
de nous offrir des portraits de libraires indépendant(e)s
Retrouvez Valérie Fèvre
du café-librairie
La Cabane à Lire à BRUZ
sur PAGE
https://www.pagedeslibraires.fr/livre-22154/valerie-fevre.html?osa=5349ce1422bcb109de496b7dda5560f05810593d
Bonnes lectures
& nous avons hâte de vous retrouver
Marion Brunet
Vanda
Albin Michel – 18€ – 2020
Après L’été circulaire, Marion Brunet revient avec un roman tout aussi sombre et désespéré. Vanda est une jeune femme qui vit en marge dans une bicoque sur une plage du sud, seule avec son fils Noé. Son fils, c’est sa raison de vivre, ce qui la retient dans le monde des vivants. Leur relation est fusionnelle et exclusive. Alors lorsque le père de Noé découvre l’existence de l’enfant et fait irruption dans leur vie afin de prendre sa place, l’équilibre fragile que Vanda a construit vacille. La peur, la fureur et la rage s’emparent d’elle et la voilà louve, prête à tout pour protéger son petit.
Il y a 20 ans disparaissait Jean Claude Izzo, grand auteur et témoin de la misère des « gens de peu ». Marion Brunet est incontestablement sa digne héritière.
Nastassja Martin
Croire aux fauves
Verticales – 12.50€ – 2019
Nastassja Martin est anthropologue, spécialiste des peuples du Grand Nord. Croire aux fauves est le récit d’une rencontre qu’elle a subie en 2015 avec un ours brun dans les montagnes du Kamtchatka. Si elle n’avait pas eu un piolet à portée de main, l’ours l’aurait probablement tuée. La confrontation inattendue et brutale avec le monde sauvage l’amène à s’interroger intensément sur le sens de son métier, de sa vie, de ses choix, de son rapport au monde, à la nature, aux autres…Les innombrables questions qu’elle pose dans son livre nous invitent à plonger dans une rêverie parfois poétique, parfois philosophique…et n’est-il pas réjouissant de nous entendre dire avec elle
La situation de crise me paraît toujours bonne à penser
parce qu’elle recèle la possibilité d’une autre vie, d’un autre monde.
l’Homme Etoilé
A la vie !
Calman-Lévy graphic – 16.50€ – 2020
Rien que le titre et le nom énigmatique de l’auteur donne envie de saisir cette BD en ces temps où la maladie et la mort ont envahi notre quotidien. L’homme étoilé est infirmier en soins palliatifs, il est décrit comme « un marshmallow coincé dans une armoire à glace » par une de ces collègues. Il est tatoué, fan de rock et de la Suède. C’est avec son énergie, parfois ses doutes, son émotion ou ses agacements, bref avec toute son humanité qu’il accompagne les personnes en fin de vie dont il fait le portrait. Le résultat est tout sauf larmoyant et triste. On aurait presque envie de mourir à condition qu’il soit à nos côtés ! A l’heure où on ne sait plus comment remercier le personnel hospitalier, ce livre est un vrai cadeau.
Guillaume Guéraud
Les trois enterrements de mon chien
Rouergue Dacodac – 8.80 euros – à partir de 9 ans – 2020
Ce livre pour enfants est la preuve que l’on peut beaucoup rire autour d’un sujet à priori triste. Le chien Babino est mort. Se pose alors la question pour son jeune maître et ses trois compères d’un enterrement digne de toute l’amitié qu’ils portaient à l’animal. La chose n’est pas aussi simple qu’on peut l’imaginer…Creuser un trou adéquate, rédiger l’épitaphe et faire un discours à la mémoire de, traverser les souvenirs ensemble en laissant couler quelques larmes. Le deuil à hauteur d’enfant est à la fois bien plus tragique et plus drôle qu’aux yeux des adultes.
Richard WAGAMESE
Starlight
éditions Zoé – 21€ – 2019
Ce roman est une magnifique parenthèse… Une histoire, qui débute dans un monde (violent, hideux, écœurant) et se termine dans un autre (beau, sauvage, naturel…). Pour y aller, nous empruntons un chemin abrupte parfois, traversant une nature magnifique (le Sud-Ouest canadien) et nous apprenons à regarder, voir, sentir… Nous suivons cette route avec un guide nommé Franck Starlight. On le découvre fermier et photographe, libre, généreux. Nous rencontrons avec lui Emmy et sa fille Willy, cabossées de la vie, et nous les suivons dans leur découverte de la liberté, ou du bonheur, ou tout simplement de ce qui devrait être la vie… naturellement. Une écriture précise, subtile, simple et riche. Un texte sans mot de trop, comme Starlight qui ne parle pas si cela n’apporte rien de plus.
PS / Pour ceux qui connaissent l’œuvre de R. WAGAMESE, le Franck dont on suit le chemin est le Franck, personnage principal du livre « Les étoiles s’éteignent à l’aube », devenu adulte.
Etaf RUM
Le Silence d’Isra
éditions L’Observatoire – 22€ – 2020
Un roman sur l’histoire contemporaine d’une partie des femmes encore aujourd’hui dans le monde. Ici cela se passe dans certaines familles en Palestine et dans le quartier de Brooklyn aux Etats-Unis.
Ils décident, Elles obéissent.
Tu as 17 ans, on te marie, tu changes de famille, de pays parfois, tu fais des enfants et tu es au service des hommes. La tradition, ou doit-on dire la religion, fait le reste. Ce roman nous parle avec beaucoup de délicatesse d’Isra et de ses rêves, de ses quatre filles et de sa honte de ne pas avoir de garçon ; de Sarah et de son courage ; de Déya et de sa curiosité, de Farrida, pour qui son foyer et sa famille sont devenus sa seule vision du monde. Comment l’une reproduit ce qu’on lui a imposé au nom de l’honneur ; comment d’autres le supportent et comment l’une d’entre elles s’en échappe, trouvant la force de se rebeller dans la littérature. L’écriture d’Etaf RUM traduit avec beaucoup de finesse les doutes, les espoirs, les déceptions, les aspirations de toutes ces figures féminines
Peut-on parler de lâcheté ou de religion ? De fidélité ou d’ignorance ? Encore un livre de femmes qui parle aux femmes ? Non, bien plus que cela, un cri de liberté et peut-être un espoir pour toutes celles qui subissent, encore et encore, le pouvoir des hommes.
→ La couverture (reproduction d’une œuvre d’Helen Zughaib intitulée Women against the night) traduit un peu de la force de l’écrit qui est à l’intérieur.
Bartabas
D’un cheval l’autre
éditions Gallimard – 20€ – 2020
Magnifique ode au cheval. Chaque chapitre est un bout de chemin partagé avec un compagnon équin qu’il a aimé, accompagné, découvert. Un homme, connu soit par ses spectacles équestres grandioses, soit par sa réputation assez controversée qui le précède, se livre au-travers de sa passion. Ici se déploient son amour du cheval, sa magnifique façon de décrire l’animal mais surtout son approche de la personnalité de chacun et sa capacité à communiquer avec eux.
Parfois un peu technique, il vaut mieux être passionné de cheval pour se lancer dans ce livre d’amour.
OWENS Delia
Là où chantent les écrevisses
éditions Le Seuil – 21,50€ – 2020
Un magnifique roman au cœur des marais de Caroline du Sud. Une destinée incroyable. Un souffle qui nous tient du début à la fin, un fil rouge que l’on suit avec curiosité et attention, une petite fille attachante et tellement forte, des personnages qui nous restent en mémoire très longtemps, une atmosphère, un monde à part.
La nature, les oiseaux et un mystère.
Découvrir des mondes et s’y engouffré avec plaisir pour comprendre… Très très beau roman, plein de souffle de vie, d’espoir, de force et de courage.
L’oreille pour un chef d’orchestre… c’est comme le pouce pour un cuisinier ou la main pour un horloger… Un texte sur le ressenti de la musique, le ressenti de la voix, de l’orchestre, du chœur, du monde de la musique, d’une soprano. De répétition en répétition d’un opéra, nous les vivons de l’intérieur, c’est passionnant.. Puis la cassure, la fracture, le monde s’écroule. Ce chef d’orchestre, fragilisé, vient se ressourcer en Bretagne. Plage, mer, force des élément marins. Cette écriture est belle et précise. On est touché par l’angoisse de cet homme qui nous agace pourtant beaucoup ! Original et touchant.
Le Tagarin
Etables-sur-Mer
Joumana Haddad
Le livre des reines
éditions Jacqueline Chambon – 22€
Quatre générations, quatre destins de femmes qui nous emportent dans l’Histoire tragique et brutale du Moyen-Orient des XXème et XXIème siècles.
Ces femmes vont lutter, chacune à leur façon, contre le vent de l’histoire qu’elles subissent, même si leur révolte n’est ni comprise ni entendue.
Cette saga familliale nous transporte en Turquie, au Liban, en Syrie et nous fait vivre de l’intérieur toutes les luttes douloureuses qui ont secouées ces territoires.
Mais ces conflits sont aussi des guerres intimes, où l’amour a du mal à trouver sa place, où la violence prend des formes sournoises, où le poids des non-dits et des secrets pèse sur leurs vies. C’est comme si le malheur devait se transmettre de génération en génération…
Joumana Haddad s’est inspirée de l’histoire de sa propre famille pour tracer celles de ses héroïnes.
Ma grand-mère est née en 1912,, ma mère en 1946, je suis née en 1970 et mon premier enfant en 1992. Je suis à demi libanaise, un quart arménienne et un quart circassienne, mais j’ai aussi des racines syriennes et palestiniennes. C’est quand j’ai découvert toutes les sources de ce sang qui coule dans mes veines que j’ai enfin compris pourquoi j’étais constamment en guerre contre moi-même, en moi-même. Les aïeux de l’homme que j’aime sont des Turcs d’Adana, là où les massacres ont commencé : est-ce une coïncidence ? J’espère que ça l’est, presque aussi ardemment que j’aimerais penser que ça ne l’est pas.
J’ai parfois la vision de toutes ces personnes d’origines et d’âges différents, vénérant des dieux différents, utilisant des langues et des accents multiples, toutes ensemble enfermées dans un interminable tunnel de conflits à répétition. Un melting-pot maudit nommé Moyen-Orient, marqué jusqu’à ce jour encore par une succession inqualifiable de combats, d’adversité et de haine, de l’Arménie au Liban, de la Palestine à la Syrie, sans parler de l’Irak, du Koweït, de l’Egypte, du Yémen, de la Turquie…la liste semble sans fin.
Je me suis souvent demandé, à force de grandir entourée par tant de violence et de douleur, si cette région de désespoir était prédestinée à être pour toujours une terre de souffrance. Entre les actuels mercenaires égorgeurs de Daech et les soldats ottomans qui répandaient la terreur il y a un siècle, qu’est-ce qui a vraiment changé ? *
Ce très beau roman intense emporte le lecteur dans l’Histoire tragique du Moyen-Orient où le destins des femmes est une bataille perpétuelle.
A lire absolument !
Marie Pavlenko
Et le désert disparaîtra
éditions Flammarion – 14€
A partir de 12 ans
Le rêve de Samaa est de devenir chasseuse d’arbres, comme les hommes de son clan. Les arbres, ils vont les chercher dans le désert, de plus en plus loin et c’est de plus en plus dur car il n’en reste plus beaucoup. Le désert a tout recouvert depuis longtemps ; Les arbres sont abattus pour être vendus et permettre au village de survivre.
Les chasseurs ne veulent pas de Samaa. Chasser est une affaire d’homme ! Pourtant, elle désobéit et les suit en cachette. Mais elle se perd et tombe dans une trouée et découvre un arbre. Elle n’en avait jamais vu… Blessée, elle survit grâce à cet arbre-mère Naïa, à l’eau douce qui étanche sa soif et aux mille découvertes qu’elle va faire en observant de près cette nature inconnue jusqu’alors. Et elle se rappelle les discours de l’Ancienne.
C’est un choc, une révélation ! Sa vie bascule et bientôt aussi celle de son village.
L’Ancienne utilisait une ribambelle de mots qui sonnaient comme des pays. J’essayais d’imaginer à quoi pouvait ressembler ce monde. Il y avait des mers et de l’eau qui danse appelée rivière. L’Ancienne disait que les hommes s’y lavaient, y attrapaient des animaux à la peau miroitante, que l’eau tombait du ciel en pluie et faisait éclore la vie.
Appuyée sur le torse de ma mère, le corps réchauffé par le grand feu du campement, je fermais les yeux ; je plongeais à mon tour dans les vastes étendues évoquées par l’Ancienne. Je me figurais la douceur des cascades qui « scandaient leur mélopée dans de grands éclats de rire », la force fougueuse et mortelle de l’eau faite torrent. Dans mon esprit, le bouillonnement rocailleux des vallées avait des allures étincelantes de rêves de petite fille, de toutes les couleurs.**
Marie Pavlenko nous offre un superbe roman, court et juste, véritable ode à la nature et à la vie. Elle nous invite à réfléchir et à questionner notre propre regard sur la nature et notre environnement. Ce conte moderne est une leçon d’écologie !
**Note au lecteur page 262 in Le livre des reines
**P.109 in Et le désert disparaîtra