La bille d’Idriss
René Gouichoux et Zaü (ill)
éditions Rue du monde, 17,50 €
à partir de 6 ans
Sur la route, sa mère l’entraîne par la main. Idriss n’emporte rien à part sa bille, sa seule bille, la plus belle bille qu’il lui fut jamais donné de contempler.
Idriss a une bille, une seule. Aussi, le jour où il doit s’enfuir avec sa mère pour échapper aux hommes armés, il n’emporte que sa bille. C’est le début d’une longue route sur laquelle ils devront avancer, courir, grimper, se faufiler et marcher, marcher encore, tandis qu’Idriss serre toujours fort sa bille dans sa main. Car il le dit à sa maman qui parfois a un sourire triste, sa bille leur porte chance. Même quand elle manque lui échapper sur un le bateau, un de leur compagnon de route la rattrape.
C’est avec elle qu’il arrive sur une autre terre, une autre place où il va rencontrer un autre enfant qui lui apprendra son premier mot de « sa vie d’ici » : « bille » !
Il est parfois difficile de savoir comment parler des migrants qui fuient les persécutions, la misère et la guerre aux jeunes enfants. Voici donc un bel album, au texte simple mais évocateur qui permettra de poser des mots sur des faits souvent compliqués. On reconnaît au premier coup d’œil le dessin fort et expressif de Zaü, son trait noir et épais qui contraste si puissamment avec les couleurs vives des aplats. Le format allongé, à l’italienne, du livre nous parle de cette route qui n’en finit pas. Un album sur l’exil avec en filigrane la force de la solidarité et un message d’espoir, à hauteur d’enfant, sur les liens que l’on peut tisser ensuite, en territoire de paix. Il nous offre l’occasion d’échanger avec les enfants et, peut-être, de les aider à se construire.
Agnès Godin, La Cabane à Lire