Cher Marc
Les libraires de la Fédération des cafés-librairies de Bretagne
te saluent avec amitié et te témoignent leur profond chagrin.
Ami libraire, fraternel et engagé, tu as, avec Katita, créé un lieu
plein de vie, de sens, de chaleur humaine.
L’Autre Rive
où nous passions le temps d’un verre, d’un repas – ah ! ce cake à l’andouille si emblématique d’une carte gourmande, locale et engageante – , d’une balade contée en forêt, d’une rencontre littéraire, d’un échange autour d’un livre. A chaque fois, nous repartions surpris d’être restés autant de temps dans votre café-librairie, tes coups de cœur à lire sous le bras : Un essai d’Hervé Kempf ou de Fabrice Nicolino, le dernier roman d’Hervé Bellec, la BD d’Inès Léraud, ou ce fameux brûlot : internet ou le retour de la bougie d’Hervé Krief que tu défendais ardemment.
Tu aimais aussi la botanique et la poésie jusqu’à fonder Les possibles, très beau Festival qui essaime la poésie dans les Monts d’Arrée, Festival créé avec Alain Rebours et Isabelle Sauvage des éditions Isabelle Sauvage.
L’histoire de l’Autre Rive est aussi celles d’amitiés tissées au fil de ces quinze années d’activité. Tu aimais les gens et tu les accueillais vraiment, avec bienveillance, humour & ce regard vif et espiègle qui te caractérise.
L’Autre Rive ferme ses portes et nous restons sidérés de ce départ précipité. Mais, l’esprit de liberté que tu as distillé perdurera et nous serons heureux-ses de t’invoquer, de t’évoquer, de t’associer à l’action d’une association dont tu es, dont vous êtes les co-fondateurs.
Dans le cadre de l’Autre Rive et des manifestations de la Fédération, nous avons organisé moult événements littéraires, cinématographiques qui proposaient un regard salutaire sur le monde. Sont venus notamemnt : Alain & Désirée Frappier, Hervé Kempf, Nicole et Félix Le Garrec, Gérard Mordillat, Fabrice Nicolino, Inès Léraud, Marie-Monique Robin, Titi Robin...
Une programmation qui faisait de la réflexion collective,
l’élément essentiel d’un mouvement en cours et à venir.
Un monde meilleur à construire ensemble !
Cher Marc, tu nous manques,
Chère Katita, nous sommes là.
Merci pour cette Autre Rive
lieu de vie à nul autre pareil
que nous sommes heureux-ses d’avoir côtoyé
Pour toi, pour vous,
ces quelques mots de Birago Diop*
Ecoute plus souvent
Les Choses que les Êtres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la voix de l’Eau.
Ecoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots :
C’est le Souffle des ancêtres.
POÈME INDIEN
Dominique Guillopé – La Dame Blanche – Port-Louis – 56
Quand je ne serai plus là, relâchez-moi. Laissez moi partir.
J’ai tellement de choses à faire et à voir.
Ne pleurez pas en pensant à moi.
Soyez reconnaissant pour les belles années passées ensemble.
Je vous ai donné mon amour, mon amitié,
vous pouvez seulement deviner le bonheur que vous m’avez apporté.
Je vous remercie pour tout l’amour que chacun m’a donné.
Maintenant il est temps pour moi de voyager seul.
Pour un court moment vous pouvez avoir de la peine,
mais que la confiance vous apporte réconfort et consolation.
Nous serons séparés pour quelques temps.
Laissez les souvenirs apaiser votre douleur.
Je ne suis pas loin et la vie continue.
Si vous avez besoin de moi, appeler moi et je viendrai.
Même si vous ne pouvez pas me voir ou me toucher, je serai là.
Et si vous écoutez votre cœur,
vous éprouverez clairement la douceur de l’amour que j’apporterai.
Et quand il sera temps pour vous de partir,
je serais là pour vous accueillir…
…N’allez pas sur ma tombe pour pleurer,
je ne serai pas là,
je ne dors pas.
Je suis les mille vents qui soufflent,
Je suis le scintillement des cristaux de neige.
Je suis la lumière qui traverse les champs de blé,
la douce pluie d’automne.
Je suis l’éveil des oiseaux dans le calme du matin,
l’étoile qui brille dans la nuit.
N’allez pas sur ma tombe pour pleurer.
Je ne suis pas là.
Je ne suis pas mort.
*Extrait de Souffles, p.64, recueil Leurres et lueurs, Présence Africaine, Poésie.